Thomas Gordon est décédé en 2004 ; c’est un psychologue américain qui s’est orienté vers la formation en créant sa propre société.
Ses stages sont bien sûr payants mais j’ai eu la chance d’en suivre un à un tarif privilégié, grâce à des enseignants bénévoles issus de l’enseignement libre. Durée : 3 soirs et 3 samedis.
Objectif: apprendre à résoudre des conflits liés à des comportements, dans le cadre d’une relation d’autorité. J'ai suivi ce stage en 2004, avec ma femme ; c’était dans le cadre d’une relation parent-enfant.
Mais, au-delà, je trouve que cette méthode (car c'en est une!) nous aide considérablement à améliorer nos relations avec l’autre, en oubliant nos préjugés, en essayant de mieux le comprendre et de l’aider.
En intro, un extrait du fameux texte de Kahlil Gibran dans le livre Le Prophète:
Voici donc un petit résumé de la méthode Gordon, à ma façon (désolé pour les spécialistes, je ne suis rien d’autre qu’un stagiaire qui en a bien profité !)Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ce sont les fils et les filles de l'appel à la vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous,
Et bien qu'ils vivent avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leur corps mais pas leur âme.
Car leurs âmes habitent la maison de demain,
Que vous ne pouvez visiter, pas même en rêve.
Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux,
Mais ne tentez pas de les faire comme vous,
Car la vie ne revient pas en arrière, ni ne s'attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés....
a) Ne pas confondre pouvoir et autorité
La méthode s’applique particulièrement à l’échange oral dans le cadre d’une relation classique d’autorité : parent-enfant, professeur-élève ou, dans l’entreprise, manager-collaborateur.
Autorité et non pas pouvoir. Beaucoup de gens confondent les deux.
L’étymologie de autorité c’est en latin augere, auxi, auctum = augmenter, faire grandir, aider. L’autorité n’est ni un dressage, ni une tyrannie ; ce n’est pas un pouvoir, c’est un service.
Une autorité sans sentiment, sans amour dans le cas parent-enfant, n’existe pas : l’enfant a besoin de repères.
« Une société sans pères est une société sans repères » dit le psychanalyste Tony Anatrella. En ce sens, on est tous le « père » de quelqu’un.
Instaurer un dialogue ne peut se faire que dans une « zone d’acceptation » définie par des frontières mouvantes entre la zone où l’autre a un problème et celle où c’est moi qui ait un problème. Être parent, c’est être acceptant, vouloir aider. Il faut augmenter la taille de cette zone d’acceptation l’autre et moi, de manière à développer les occasions de dialogue.
b/ Les zones de conflit et d'acceptation
Deux cas se présentent :
- S’il n’y a pas de conflit, on est dans la zone d’acceptation, on peut alors faire passer ce que Gordon appelle des « Message-Je » : je m’exprime en disant je : « je suis content que tu aies fait cela » plutôt que de dire tu : « tu as bien fait de faire cela. » Il peut y avoir des messages-je d’appréciation (sur l’autre), de prévention ou de révélation
- S’il y a conflit, il faut d’abord résoudre ce conflit qui est une situation bloquante, avant de passer à une autre étape, par exemple le recueil d’informations.
c/ La résolution gagnant - gagnant du conflit
L’autre principe de base est que la seule façon de développer de bonnes relations avec l’autre est la résolution gagnant-gagnant du conflit. Chacun fait ainsi progresser l’autre. Il n’y a pas de perdant, on trouve une solution de compromis, ensemble.
Pour résoudre le conflit, les principes Gordon c’est évidemment de changer notre regard à l’autre, d’oublier nos préjugés et d’analyser le comportement de l’autre (ce qu’on voit, ce qu’on entend) sans porter de jugement.
Par exemple, ce n’est pas du tout naturel pour un parent d’exprimer des mots qui caractérisent le comportement de son enfant qui l’énerve, sans que ces mots induisent un jugement !
En cas de conflit, la première chose est de déterminer où est le problème : chez moi ou chez l’autre ? Si c’est chez moi, c’est à moi de le résoudre en remettant en cause mes préjugés. Si c’est chez l’autre, alors, je peux l’aider.
d/ Verbaliser le sentiment de l'autre
Dans l’échange oral qui s’instaure alors, le procédé est tout simplement de verbaliser soi-même le reflet du sentiment de l’autre « je vois bien que tu es préoccupé… », sans jugement, on évite de poser des questions directes, on relance ; on fait attention à son attitude, à son regard, par exemple ne pas regarder systématiquement en face ; on aide l’autre à exprimer son problème et on essaye de trouver une solution avec lui, ensemble. Attention à ne pas amplifier le sentiment !
Un enfant qui trépigne, en vous disant qu’il a tellement mal au ventre qu’il ne peut pas aller à l’école demain, voilà par exemple une situation classique où la méthode Gordon peut s’appliquer. J’ai découvert ainsi qu’il s’agissait d’une indigestion de chocolat que ma fille n’osait avouer !
Les mots de l’autres sont importants mais il faut les reformuler autrement : « je n’irai pas à l’école demain ! » peut se relancer par « je vois bien que tu n’es pas contente et cela me rend triste » puis dans un deuxième temps « tu t’es engueulée avec ta copine Marie, c’est ça ? »…Malgré tout son amour et toute sa bonne volonté, un parent n’entend pas forcément naturellement le besoin de l’enfant. Il ne faut pas confondre le besoin qui est un manque, un moins et le désir qui est une aspiration, un plus.
e/ Etre un "agent d'aide"
Il ne s’agit pas de prendre en charge le problème de l’autre, ce qui est une attitude courante dans les relations au travail : vous en avez assez que Martin vous ennuie avec son problème, vous lui dites : « laisse tomber je m’en occupe ». Non, au contraire, c’est Martin qui va résoudre son problème et vous allez l’aider. Le coup d’après, peut-être, Martin trouvera tout seul la solution sans venir vous déranger…
On est ce que Gordon appelle un « agent d’aide » avec trois qualités :
- acceptant (sans jugement),
- empathique (ressentir le sentiment de l’autre),
- authentique (on ne peut pas tricher dans cet échange).
La plupart des conflits non résolus entre un émetteur et un récepteur viennent du fait que le récepteur a essayé trop tôt de proposer une solution, sans avoir identifié le réel problème de l’émetteur.
Martin vient vous voir et vous dit « Je ne veux plus travailler avec Durand » et vous répondez tout de suite : « Pourquoi, qu’est-ce qu’il t’a fait Durand ? » et vous vous dites au fond de vous « Bon, il va falloir les séparer ces deux-là, quelle barbe ! » Au lieu de lui dire simplement : « Tiens, assieds-toi, j’ai l’impression que tu énervé… » En fait Durand n’y est pour rien, c’est Martin qui n’arrive pas à terminer un rapport compliqué qu’il rédige avec Durand et quand il y a moins de stress ils s’entendent très bien tous les deux…
f) La parole compte pour 7% seulement
Dans l’échange oral, il faut accepter les pauses, le silence. On parle toujours trop, trop tôt.
Car la parole elle-même compte peu.
Les enseignants de la méthode Gordon analysent l’impact des différents éléments de la communication orale et ils leur donnent le poids suivant :
- les gestes 35%
- les mimiques 35%
- le ton 23%
- la parole 7%
7% ! Les mots que vous employez ne comptent que pour 7% dans le résultat final. C’est pour cela qu’il faut être authentique parce que ce sont les sentiments qui parlent.
g) Être embauché comme consultant
Ce qu’il faut retenir de fondamental dans le cadre de la relation parent – enfant, c’est que c’est la façon de résoudre les conflits qui fait grandir l’enfant.
Ce rapport à l’autre est particulièrement important lorsqu’on est sur des conflits de valeurs plutôt que des conflits de besoin. Autant les conflits de besoins se résolvent en général assez bien et assez vite, autant les conflits de valeurs sont plus durs : donc déterminez toujours en zone de conflit si vous êtes en conflit de besoins ou en conflit de valeurs.
La résolution d’un conflit de valeurs ou l’autre exprime des valeurs différentes des vôtres est tout simplement l’occasion de réfléchir sur ses propres valeurs. Il ne faut pas confondre par exemple principes et valeurs. Les premiers sont plus discutables que les seconds…
Il y a des échelles de valeurs. Les valeurs peuvent être des convictions, des croyances, qui affectent notre manière de vivre et de communiquer ; elles peuvent aussi être une conception qu’on se fait des choses, des événements, de l’importance que nous leur attribuons (et cette importance n’est bien sûre pas la même entre le parent et l’enfant !). Les valeurs, c’est aussi ce que nous pensons être vrai. Elles peuvent nous venir d’autres personnes, d’un groupe de référence, composé de gens que nous admirons, un groupe auquel on veut s’identifier. Elles peuvent s’ériger en systèmes (religieux, moraux, patriotiques, familiaux, etc.). Enfin, elles sont bien sûr différentes selon les lieux et les cultures.
Donc il faut définir les différences de valeurs entre moi et l’autre.
Dans la relation parent – enfant, le parent cherche à influencer/modifier le comportement de l’enfant : pour l’influencer, il faut être un exemple et pour modifier son comportement, il faut agir comme consultant, être embauché par l’enfant, qu’il soit d’accord.; on peut alors donner des informations, fournir des expériences vécues, donner des résultats, l’orienter.
Et voilà!...
Le site américain
En France : me contacter, je transmettrai.
La méthode s’applique particulièrement à l’échange oral dans le cadre d’une relation classique d’autorité : parent-enfant, professeur-élève ou, dans l’entreprise, manager-collaborateur.
Autorité et non pas pouvoir. Beaucoup de gens confondent les deux.
L’étymologie de autorité c’est en latin augere, auxi, auctum = augmenter, faire grandir, aider. L’autorité n’est ni un dressage, ni une tyrannie ; ce n’est pas un pouvoir, c’est un service.
Une autorité sans sentiment, sans amour dans le cas parent-enfant, n’existe pas : l’enfant a besoin de repères.
« Une société sans pères est une société sans repères » dit le psychanalyste Tony Anatrella. En ce sens, on est tous le « père » de quelqu’un.
Instaurer un dialogue ne peut se faire que dans une « zone d’acceptation » définie par des frontières mouvantes entre la zone où l’autre a un problème et celle où c’est moi qui ait un problème. Être parent, c’est être acceptant, vouloir aider. Il faut augmenter la taille de cette zone d’acceptation l’autre et moi, de manière à développer les occasions de dialogue.
b/ Les zones de conflit et d'acceptation
Deux cas se présentent :
- S’il n’y a pas de conflit, on est dans la zone d’acceptation, on peut alors faire passer ce que Gordon appelle des « Message-Je » : je m’exprime en disant je : « je suis content que tu aies fait cela » plutôt que de dire tu : « tu as bien fait de faire cela. » Il peut y avoir des messages-je d’appréciation (sur l’autre), de prévention ou de révélation
- S’il y a conflit, il faut d’abord résoudre ce conflit qui est une situation bloquante, avant de passer à une autre étape, par exemple le recueil d’informations.
c/ La résolution gagnant - gagnant du conflit
L’autre principe de base est que la seule façon de développer de bonnes relations avec l’autre est la résolution gagnant-gagnant du conflit. Chacun fait ainsi progresser l’autre. Il n’y a pas de perdant, on trouve une solution de compromis, ensemble.
Pour résoudre le conflit, les principes Gordon c’est évidemment de changer notre regard à l’autre, d’oublier nos préjugés et d’analyser le comportement de l’autre (ce qu’on voit, ce qu’on entend) sans porter de jugement.
Par exemple, ce n’est pas du tout naturel pour un parent d’exprimer des mots qui caractérisent le comportement de son enfant qui l’énerve, sans que ces mots induisent un jugement !
En cas de conflit, la première chose est de déterminer où est le problème : chez moi ou chez l’autre ? Si c’est chez moi, c’est à moi de le résoudre en remettant en cause mes préjugés. Si c’est chez l’autre, alors, je peux l’aider.
d/ Verbaliser le sentiment de l'autre
Dans l’échange oral qui s’instaure alors, le procédé est tout simplement de verbaliser soi-même le reflet du sentiment de l’autre « je vois bien que tu es préoccupé… », sans jugement, on évite de poser des questions directes, on relance ; on fait attention à son attitude, à son regard, par exemple ne pas regarder systématiquement en face ; on aide l’autre à exprimer son problème et on essaye de trouver une solution avec lui, ensemble. Attention à ne pas amplifier le sentiment !
Un enfant qui trépigne, en vous disant qu’il a tellement mal au ventre qu’il ne peut pas aller à l’école demain, voilà par exemple une situation classique où la méthode Gordon peut s’appliquer. J’ai découvert ainsi qu’il s’agissait d’une indigestion de chocolat que ma fille n’osait avouer !
Les mots de l’autres sont importants mais il faut les reformuler autrement : « je n’irai pas à l’école demain ! » peut se relancer par « je vois bien que tu n’es pas contente et cela me rend triste » puis dans un deuxième temps « tu t’es engueulée avec ta copine Marie, c’est ça ? »…Malgré tout son amour et toute sa bonne volonté, un parent n’entend pas forcément naturellement le besoin de l’enfant. Il ne faut pas confondre le besoin qui est un manque, un moins et le désir qui est une aspiration, un plus.
e/ Etre un "agent d'aide"
Il ne s’agit pas de prendre en charge le problème de l’autre, ce qui est une attitude courante dans les relations au travail : vous en avez assez que Martin vous ennuie avec son problème, vous lui dites : « laisse tomber je m’en occupe ». Non, au contraire, c’est Martin qui va résoudre son problème et vous allez l’aider. Le coup d’après, peut-être, Martin trouvera tout seul la solution sans venir vous déranger…
On est ce que Gordon appelle un « agent d’aide » avec trois qualités :
- acceptant (sans jugement),
- empathique (ressentir le sentiment de l’autre),
- authentique (on ne peut pas tricher dans cet échange).
La plupart des conflits non résolus entre un émetteur et un récepteur viennent du fait que le récepteur a essayé trop tôt de proposer une solution, sans avoir identifié le réel problème de l’émetteur.
Martin vient vous voir et vous dit « Je ne veux plus travailler avec Durand » et vous répondez tout de suite : « Pourquoi, qu’est-ce qu’il t’a fait Durand ? » et vous vous dites au fond de vous « Bon, il va falloir les séparer ces deux-là, quelle barbe ! » Au lieu de lui dire simplement : « Tiens, assieds-toi, j’ai l’impression que tu énervé… » En fait Durand n’y est pour rien, c’est Martin qui n’arrive pas à terminer un rapport compliqué qu’il rédige avec Durand et quand il y a moins de stress ils s’entendent très bien tous les deux…
f) La parole compte pour 7% seulement
Dans l’échange oral, il faut accepter les pauses, le silence. On parle toujours trop, trop tôt.
Car la parole elle-même compte peu.
Les enseignants de la méthode Gordon analysent l’impact des différents éléments de la communication orale et ils leur donnent le poids suivant :
- les gestes 35%
- les mimiques 35%
- le ton 23%
- la parole 7%
7% ! Les mots que vous employez ne comptent que pour 7% dans le résultat final. C’est pour cela qu’il faut être authentique parce que ce sont les sentiments qui parlent.
g) Être embauché comme consultant
Ce qu’il faut retenir de fondamental dans le cadre de la relation parent – enfant, c’est que c’est la façon de résoudre les conflits qui fait grandir l’enfant.
Ce rapport à l’autre est particulièrement important lorsqu’on est sur des conflits de valeurs plutôt que des conflits de besoin. Autant les conflits de besoins se résolvent en général assez bien et assez vite, autant les conflits de valeurs sont plus durs : donc déterminez toujours en zone de conflit si vous êtes en conflit de besoins ou en conflit de valeurs.
La résolution d’un conflit de valeurs ou l’autre exprime des valeurs différentes des vôtres est tout simplement l’occasion de réfléchir sur ses propres valeurs. Il ne faut pas confondre par exemple principes et valeurs. Les premiers sont plus discutables que les seconds…
Il y a des échelles de valeurs. Les valeurs peuvent être des convictions, des croyances, qui affectent notre manière de vivre et de communiquer ; elles peuvent aussi être une conception qu’on se fait des choses, des événements, de l’importance que nous leur attribuons (et cette importance n’est bien sûre pas la même entre le parent et l’enfant !). Les valeurs, c’est aussi ce que nous pensons être vrai. Elles peuvent nous venir d’autres personnes, d’un groupe de référence, composé de gens que nous admirons, un groupe auquel on veut s’identifier. Elles peuvent s’ériger en systèmes (religieux, moraux, patriotiques, familiaux, etc.). Enfin, elles sont bien sûr différentes selon les lieux et les cultures.
Donc il faut définir les différences de valeurs entre moi et l’autre.
Dans la relation parent – enfant, le parent cherche à influencer/modifier le comportement de l’enfant : pour l’influencer, il faut être un exemple et pour modifier son comportement, il faut agir comme consultant, être embauché par l’enfant, qu’il soit d’accord.; on peut alors donner des informations, fournir des expériences vécues, donner des résultats, l’orienter.
Et voilà!...
Le site américain
En France : me contacter, je transmettrai.
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