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Tel est l’incipit des Mémoires d'une jeune fille rangée
Premier volet d’une importante somme autobiographique, L es Mémoires d’une jeune fille rangée s’ouvrent sur la naissance de Simone et se ferment sur la mort de Zaza en 1929.
Cette première partie sera suivie de La force de l'âge (1960), La Force des choses (1963), Une mort très douce (1964), Tout compte fait (1972), et enfin, La Cérémonie des adieux (1981). L’ensemble de cette œuvre forme le projet autobiographique de Simone de Beauvoir. Un projet dont l’intitulé souligne d’emblée la fantaisie ironique et provocatrice. En même temps que les paradoxes. Il ne s’agit pas pour l’auteur de rivaliser avec les grands mémorialistes, ses prédécesseurs. Ce qui impliquerait un rapport très étroit de l’individu à l’Histoire. Pour autant, Simone de Beauvoir, soucieuse de ne rien omettre, ne néglige nullement les caractéristiques de son époque et tente, à travers une chronique personnelle, de rendre compte de sa propre « formation ».
Dans ce premier ouvrage, l’auteur retrace ses années de jeunesse et de formation intellectuelle ; ses prises de position face à une famille traditionnelle et bourgeoise qui considère d’un œil réprobateur les ambitions de la jeune fille. Ses rencontres, ses amitiés (Élisabeth dite Zaza, sa plus vieille amie, Jacques, son cousin dont elle se croit amoureuse) et ses fréquentations (Nizan, Sartre). Puis son projet affirmé de passer une agrégation de philosophie et de devenir écrivain. Tout cela passe par une nécessaire émancipation. Et par la rupture avec les principes familiaux conformistes qui avaient jusqu’alors aveuglément pesé sur son existence de « jeune fille rangée ».
Se dégageant peu à peu de la chronique familiale, les Mémoires d’une jeune fille rangée deviennent le laboratoire d’une aventure individuelle qui passe par l’écriture. Une aventure qui trouve sa pleine justification dans la rencontre, en 1929, avec Jean-Paul Sartre qui, au lendemain de l’admissibilité de la jeune agrégative, qu’il a surnommée « Castor », déclare: « À partir de maintenant, je vous prends en main ».
Angèle Paoli
Terres de femmes
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