Les Echos publient ce jour un "Point de vue" , dans la rubrique "Idées", signé par moi et intitulée "Le blog, nouveau mythe du web". De nombreux sites et blogs en publient des extraits et le commentent. Pour le texte original, je me contenterai pour ma part de renvoyer sur le site Les Echos, pour respecter sa politique de diffusion d'articles imprimés.
Les réactions à cet article se multipliant un peu partout, je ne sais comment répondre à tous en même temps: je choisis donc de le faire ici, sur mon blog.
Deux précisions d'abord:
1/ On me demande si mon blog est "commercial" puisqu'il y a de la "pub" pour une émission de BFM. J'ai déjà répondu à cette question: non, je ne touche pas d'argent pour cette émission, directement ou indirectement. L'accord est le suivant: en échange de mon travail de journaliste, BFM cite le nom de mon journal et mon journal publie un encadré sur l'émission. Cette émission est animée par moi, je décide seul de mes invités et des sujets. J'ai le sentiment que mettre un lien (que j'ai dessiné moi-même) dans son blog pour une émission d'information dans une radio n'est pas très différent de n'importe quel type de lien renvoyant sur un site ou un blog. Dites-moi si je me trompe.
2/ On me demande si je touche de l'argent pour mon point de vue dans Les Echos: la réponse est non, ni directement, ni indirectement. Simplement, je leur propose de temps en temps un "point de vue" et ils décident ensuite de le publier ou non.
Les réactions principales à mon article et mes commentaires maintenant:
1/ Grosso modo, on me reproche d'être "contre" les blogs puisque j'émets des critiques que l'on juge inutiles ou malvenues: inutiles car les blogueurs sauraient faire le tri dans la blogosphère, par bon sens ou par expérience, et malvenues car j'utilise moi-même un blog.
- Je ne suis bien sûr pas "contre" les blogs, je suis en faveur de tous les outils développant la démocratie de l'expression, est-il besoin de le dire; le blog comme outil, oui, bravo! Même si je maintiens que ce n'est pas une avancée technique majeure, c'est une facilité; d'où mon expression "le blog, c'est le web pour les nuls", les "nuls" étant pris - est-il là aussi besoin de le dire - dans le sens où le prend la collection de bouquins éponyme, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas envie de s'embêter avec du code. Et j'en fais bien sûr partie!
- Mes critiques sont des critiques. Je n'ai aucunement l'intention de les justifier davantage aux excités qui - certains se cachant sous de fausses adresses - me menacent même de "google bombing" : j'attends cela avec impatience!
Aux autres, ceux qui veulent débattre, je suis prêt à répondre point par point.
2/ On me reproche de souligner que le blog est un phénomène médiatique largement relayé et supporté par les éditeurs de logiciels de blogs et fournisseurs de services blogs.
- C'est un point à connaître, c'est tout. Si tout le monde le sait, alors, d'accord, ma précision est inutile, désolé! Que tel ou tel éditeur soit tellement passionné par ses produits qu'il décide d'avoir lui-même son blog et que son blog ait du succès ne change rien à ce que j'ai dit.
- On me reproche même d'utiliser un logiciel, Typepad en l'occurence, et d'avoir en même temps une position critique vis-à-vis de son éditeur!
- Le fait de mettre en avant cette position particulière des fournisseurs dans la promotion des blogs ne veut pas dire que j'oublie par ailleurs le développement exponentiel du phénomène. J'en souligne une particularité, c'est tout. Il est assez rare dans l'histoire des technologies que les fournisseurs se soient à ce point impliqués personnellement dans la promotion de l'utilisation de leurs produits. C'est la technique Michelin: le fameux "Guide" a été créé pour promouvoir les voyages en automobile et donc l'usage des pneumatiques et il comportait dans sa première édition surtout des adresses de garagistes!...
3/ On me dit que cela ne sert à rien vouloir faire la distinction entre les différents types de blogs, individuel ou collectif, anonyme ou en nom propre, personnel ou commercial... Dans ce dernier cas, c'est un peu comme si on vous disait, dans un journal papier, il y a des articles et il y a de la publicité mais c'est la même chose. De nombreux blogs mélangent allégrement les genres et je n'aime pas cela, c'est tout. Cette confusion n'a jamais contribué à améliorer la communication.
3/ On me reproche de minimiser l'impact médiatique des blogs - des millions de blogs d'un côté, quelques affaires mises en exergue en face - et on cite le fameux blog qui a fait jusqu'à 18 milllions de visiteurs pendant la campagne américaine.
- OK, donnez-moi d'autres exemples, svp. Je suis prêt à les recenser et à les publier ici, tous sans exception, après vérification.
4/ On me reproche de ne pas faire suffisamment confiance à la capacité de discernement des blogueurs et de vouloir laisser aux journalistes le monopole de dire ce qui est une information ou pas.
- Personne n'a le monopole d'un contenu, quel qu'il soit, évidemment.
- Je dis simplement que l'information est un contenu à valeur ajouté qui provient d'un travail de professionnel et se diffuse selon certaines règles et que ce travail donne du sens aux événéments et modifie le comportement et les connaissances de son destinataire.
- Je respecte tous les blogueurs - comme je respecte tous les publics en quête d'échanges d'idées - je vois bien leurs capacités d'expression, de réaction et de mobilisation. C'est une communauté bien plus sensible que d'autres au contenu de l'expression, au débat, à l'échange. Elle a donc, sans doute, grâce à cette expérience partagée, une capacité de discernement et d'expression supérieure à la moyenne.
Mais en aucun cas, on ne peut appeller "information" tout ce qui est dit et échangé sur les blogs, loin de là. Si tous les blogueurs, en tant que lecteurs, savent faire la différence entre ce qui est information et ce qui n'est pas information, alors, effectivement, ma participation à ce débat est inutile.
(suite au prochain numéro!)
Citation du 7 janvier 2018
Il y a 6 ans
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