lundi 13 novembre 2006

La terre pense penchée

[chronique de Lucien à paraître dans un prochain magazine]
On savait l'axe de la planète Terre penché mais pas à ce point-là! Il s'agit ici de l'axe autour duquel gravitent deux types de comportements vis-à-vis de la technologie. D'un côté, ceux qui s'en méfient comme les Français et même - contrairement à ce qu'on imagine quand on réfléchit trop vite, ce qui arrive de plus en plus souvent - les Américains Et, de l'autre, ceux qui au contraire l'adorent comme le veau d'or, je parle des Japonais – Coréens - Chinois … et des Finlandais - Nordiques! C'est marrant comme on retrouve les mêmes attitudes aux antipodes et de part et d'autre des océans.


"Il ne faut jamais se retourner quand on ouvre un
sillon: c'est le plus sûr moyen d'aller de travers ; tous les laboureurs savent
ça..."
Claude Michelet

Nous, les Occidentaux normaux, on est plutôt Big Brother, Brazil (le film, pas le pays) et compagnie. Eux, les bizarres qui parlent de drôle de langues, ici au Nord où tout là-bas dans l'Est, ils fabriquent goulûment des petits chiens électroniques de compagnie ou des téléphones qui sont de véritables secrétaires personnels. Chez eux, les robots sont toujours gentils et serviables, chez nous c'est des gros méchants qui veulent nous piquer la place ou nous sucer le cerveau.

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Nous, on veut bien, à la rigueur, des machines esclaves qui passent l'aspirateur ou gardent la maison. Eux, ils veulent des compagnons, des puces peluches, savants inutiles, à qui faire des mamours baveux. L'utile et le futile, dit le sociologue. Chez eux, les nano c'est beau, c'est nickel, chez nous c'est Cnil. Résultat: l'innovation en robotique ou autre TIC, c'est pas vraiment chez nous que ça se passe, à de rares exceptions près comme Gostaï, le langage universel de robot, une invention française, cocorico! On n'invente pas ce qu'on n'aime pas, telle est la dure loi de l'âme humaine. C'est le désir qui crée, pas la réticence. Alors, pour sauver la France et l'Amérique, je propose un renversement fondamental d'attitude, une révolution: malgré tout ce que l'on sait à juste titre, nous les rationnels, les cultureux, sur la technologie – oui, elle tombe toujours en panne, oui, elle génère sa propre entropie, oui, elle change tout le temps – malgré toutes nos réticences parfaitement fondées, nous allons, puisqu'il le faut, nous mettre à adorer ce que nous brûlions et inversement. Désormais, tout robot sera considéré comme innocent, toute machine utile et tout ordinateur logique. Tout humain émettant le moindre doute à ce sujet sera immédiatement transformé en machine à café ou envoyé en Corée pour un stage de rééducation civique sur les bienfaits de la technologie, mère de tous les us qui s'usent. Et, en cas d'incident du bidule, on ne dira plus "il bogue, zut!" mais "il bouge, chouette!" On ne dira plus "la machine est en pause" mais "notre amie se repose". Si une batterie prend feu, on applaudira le feu d'artifice. Ainsi notre esprit d'occidental libéré et technophile pourra-t-il à nouveau donner livre cours à son génie inventif. Et surtout, il découvrira le seul, le vrai intérêt des robots "intelligents" : eux, au
moins, ils peuvent simuler des sentiments à la demande…
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