[lettre gagnante , de Susana López Rubio, du 3e Concours Antonio Villalba de Lettres d'Amour] Ma très chère épouse,
Hier j'ai reçu un courrier de ton avocat ou il m'invite à énumérer nos biens communs, en vue de commencer la procédure de dissolution de notre lien matrimonial.
Je te confie ci-après la liste en question afin que tu puisses entamer les démarches auprès du notaire et rassembler tous les papiers nécessaires avant d'aller au tribunal.
Comme tu le constateras, j'ai divisé la liste en deux parties. D’abord, une partie qui reprend ce que je souhaite garder de nos cinq années de vie commune et ensuite ce que tu peux garder.
En cas de doute ou de commentaire, tu sais que tu peux me joindre au bureau de huit heures du matin à cinq heures de l’après-midi, ou bien sur le portable jusqu'à onze heures du soir : je serai ravi de revoir la liste avec toi.
Les choses que je souhaite garder:
- Le chair de poule sur mes bras, la première fois que je t'ai vue au bureau.
- Le doux arôme qui flottait dans l'ascenseur, après que tu soies descendue au deuxième étage, un matin où je n'osais encore t'adresser la parole.
- Le mouvement de la tête avec lequel tu as accepté mon invitation à dîner.
- La tâche de rimel que tu as laissée sur mon oreiller la nuit ou enfin nous avons dormi ensemble.
- Ta promesse que je serai le seul à embrasser la constellation de taches de rousseur sur ta poitrine.
- La morsure que j'ai laissée sur ton épaule et que tu as du dissimuler avec du maquillage : ta robe de mariée avait un décolleté à me rendre fou!
- Les gouttes de pluie qui ont mêlé tes cheveux lors de notre lune de miel à Londres.
- Toutes les heures que nous avons passées à nous regarder, nous embrasser, à parler et à nous caresser (et aussi toutes celles que j'ai passées simplement à rêver de toi ou à penser à toi…)
Les choses que tu peux garder:
- Les silences.
- Ces baisers tièdes et empoisonnés dont l'ingrédient principal était la routine.
- Le goût âcre des insultes et reproches.
- Cette senstaion d'angoisse quand la nuit je tendais la main de ton coté du lit pour découvrir une place vide.
- Les nausées qui me remontaient dans la gorge quand je percevais une odeur étrange sur tes vêtements.
- Les frissons dans mes veines quand tu t'enfermais dans la salle de bains pour lui parler au téléphone.
- Les larmes que j'ai avalées quand j'ai découvert des égratignures inconnues sur ton corps.
- Jorge et Cecilia... Les prénoms qu'on aimait pour les enfants que nous n'avons jamais eu.
En ce qui concerne les autres objets que nous avons acquis pendant notre mariage (la voiture, la maison…), je voudrais te dire que tu peux les garder. En fin de compte, ils ne sont que cela: des objets…
Pour finir, je te transmets le numéro de mon avocat pour que tu rentres en contact avec lui et vous puissiez préparer les papiers du divorce de commun accord.
Affectueusement,
Roberto
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